On connaît toutes et tous le mythe de Méduse du point de vue du héros masculin Persée, qui a mis à mort ce «monstre-femme». Mais qu’en est-il de l’histoire de Méduse, ce qui lui est arrivé avant d’être décapitée ? Violée par Poséidon dans le temple d’Athéna, Méduse est punie par la déesse et métamorphosée en monstre, une «Gorgone» à la chevelure de serpents et au pouvoir fatal de pétrifier les humains qui croisent son regard. Dans un univers plastique et audiovisuel, Sophie Delacollette, Alice Martinache et Héloïse Meire réécrivent ce mythe sous leurs regards de femmes, et questionnent l’héritage patriarcal de notre société.

Les artistes redonnent la parole à Méduse. Elles se réapproprient son récit et son pouvoir d’action : elles parlent en son nom, à la première personne. Des extraits audios de vrais témoignages de personnes ayant subi des agressions sexuelles parsèment la narration, résonnent comme autant de «Méduses» actuelles. Les images filmées et projetées en direct sur le décor, ou sur les corps des interprètes, construisent une mise en scène visuelle, plastique et performative. Loïc Le Foll, créateur son, compose et les accompagne en live en faisant raisonner le mythe au-delà des mots. Comment la domination masculine sur le corps des femmes s’est inscrite comme une norme de société, de la Grèce antique jusqu’à nos jours ? Le spectacle questionne l’héritage culturel patriarcal, les injonctions liées à la féminité et à la virilité, l’éducation genrée, la culture du viol… Cru et délicat, d’une justesse tranchante, le spectacle bouscule, interroge et inspire !