Depuis la nuit des temps, le théâtre et la littérature se sont nourris de faits divers. Bien sûr, on peut penser à Genet, Koltès et Duras, ou encore à Truman Capote, mais Shakespeare et Webster avaient-ils fait autrement ?

En 1960, Yukio Mishima s’inspire d’un fait divers survenu en France pour écrire ce qu’il appellera son « Electre japonaise », une tragédie de son époque autour des thématiques qui l’obsèdent : l’adversité face à la mort, la perte de l’enfance, l’attrait de l’interdit. Une jeune fille gravement malade vit recluse dans sa chambre. C’est son dernier jour, ses dernières heures. Elle le sent, elle le sait. Mais elle ne veut pas partir sans faire justice : planifier avec son frère le meurtre de leur mère, qu’elle accuse d’être la cause de sa maladie.

Dans son adaptation, Jean-Baptiste Tur plonge à la manière d’un thriller dans ce huis clos familial aux airs de tragédie antique, qui trouverait son origine dans un rapport maladif à l’argent et la possession.

La mise en scène parvient, en nous plongeant dans un univers musical et chorégraphique, à questionner cette tragédie par les sens plutôt que par le sens, par l’émotion plutôt que par la compréhension rationnelle. Ce spectacle nous invite à l’expérience d’une jubilatoire catharsis car c’est la marque de fabrique du Grand cerf bleu : offrir d’un thème à l’autre des spectacles joyeux et radicalement accessibles.