Allongée, les jambes écartées, une jeune femme d’origine allemande observe le crâne dégarni du Dr Seligman en train de l’ausculter. Elle a rendez-vous chez son gynécologue dans le but de se faire greffer un pénis circoncis. Elle se lance alors dans un monologue sans filtre absolument déjanté et lui parle de ses fantasmes, de ses obsessions, des détails de sa vie sexuelle ainsi que de son histoire familiale. Entre la découverte d’écureuils comestibles et l’art du sexe oral, entre une mère envahissante et le pyjama du Führer, elle se débarrasse des conventions pour caresser son rêve le plus fou : retrouver sa liberté – et s’offrir un sexe circoncis.

Camille Cottin n’a plus besoin de présentation. Entre ses rôles aux côtés d’Al Pacino, Brad Pitt, Hellen Mirren, ou Matt Damon et sa sacrée Connasse, ses capacités de comédienne-caméléon et ses prouesses sont indéniables. Ici elle s’attaque à l’adaptation de Jewish Cock, roman explosif de Katharina Volckmer sur une mise en scène de l’enfant terrible de la création contemporaine, Jonathan Capdevielle, également acteur, marionnettiste, ventriloque, danseur, chanteur… Dans cette pièce débridée, la protagoniste, exilée dans son corps et exilée au Royaume-Uni, décide de raconter sa transition et de conjurer le silence grâce au rire. À travers un texte puissant, elle interroge la culpabilité allemande, la question du genre, l’asservissement de nos corps et le danger des tabous érigés en barrières morales. Une pièce et une interprétation endiablées et stupéfiantes, Camille Cottin y est tout simplement exceptionnelle !