S’inspirant d’un fait divers, Marguerite Duras écrit L’Amante anglaise avant de transformer le roman en pièce de théâtre. Ici, Claire Lannes assassine sa cousine sourde et muette, Marie-Thérèse, sans raison apparente, comme si Claire tuait tout ce qu’elle ne peut dire. Sandrine Bonnaire est une incarnation moderne de Claire Lannes, à la fois opaque et transparente, elle connaît cette intrication des mots et du silence, qui fait qu’un comédien est tout simplement juste. Un huis clos puissant, suspendu entre lucidité et vertige.
Trois voix tentent de comprendre : l’Interrogateur, Pierre Lannes, et Claire. L’Interrogateur est le passeur, qui, comme Marguerite Duras elle-même, cherche qui est cette femme. Il questionne sans jugement, tendu tout entier vers la compréhension, avec un absolu presque religieux. Il interroge tout d’abord Pierre, le mari de Claire puis Claire elle-même. Claire est de bonne volonté, elle aussi cherche à comprendre. Mais elle ne sait expliquer. On se retrouve dans un théâtre qui ne prétend pas être ailleurs, mais tente de comprendre ce que la justice, elle, ne parvient pas à saisir. Jacques Osinski met en scène une pièce pleine d’humanité, à la fois ambivalente et sincère, avec une Sandrine Bonnaire tout simplement bouleversante.
mise en scène Jacques Osinski, lumières Catherine Verheyde, costumes Hélène Kritikos, dramaturgie Marie Potonet, avec Sandrine Bonnaire, Frédéric Leidgens, Grégoire Oestermann, crédit photo Pierre Grosbois
Production Théâtre de l’Atelier/L’Aurore Boréale. Coproduction Théâtre Montansier-Versailles/ Châteauvallon-Liberté, scène nationale
20h30
20h30
Durée : 2h10
Places numérotées