Il se déchire, se froisse, se plie, s’envole. Il est fragile, brûle ou se jette. Bien sûr, on y écrit. C’est un support à histoires. Les Japonais en ont fait un art. Il peut vibrer, scintiller sous la lumière. Les joyeux poètes-bricoleurs-musiciens du Colectivo Terrón scrutent, sondent, sentent, écoutent la puissance de ce qui se cache à l’intérieur de la feuille de papier. Ils se demandent comment faire vibrer cette matière si transformée afin qu’elle puisse émouvoir autant qu’une matière brute. Dans un dispositif où on est au plus près des acteurs, ils nous proposent une immersion sensorielle. On est frôlés par les déplacements d’air sur le plateau, interpellés par ces bruits de déchirement de papier, émus par ces histoires qu’on raconte. Un spectacle qui s’adresse à notre épiderme, qui s’ingénie à l’éveiller. Comme si par la peau les souvenirs resurgissaient, les paysages, les sensations, les odeurs reviennent… Un voyage iconographique où chaque scène est un tableau, où la musique vit et où le public palpite.

Le collectif d’artistes Colectivo Terrón s’est créé dans différents coins du monde (Chili, Barcelone, France…) et est actuellement basé à Grenoble. Porteur d’histoires, colporteur d’avenir, il détourne, retourne et transforme le regard sur la matière première, (terre, eau, sable), souvent considérée comme ordinaire, banale ou le plus souvent ignorée.